Eau rage ! Ô désespoir !



dans le bois, les euphorbes et épimedium pourtant si résistants
ont complètement grillés
Depuis mi-mai la sécheresse s’est installée au Jardin des Mille temps et depuis juin, la canicule l’accompagne. 

Ce sont là deux compères dont je me serais bien passée… Mais impolies, elles s’attardent, peu pressées de repartir vers le sud ; là où elles ont habituellement leurs quartiers.

dans la cour le contraste est saisissant entre la pelouse
poussant sur du remblai et le massif de rosiers
plantés dans de la bonne terre et avec un important paillis 
Le phénomène est exceptionnel, je suis allée relever sur un site de météo les moyennes des mois de juin et juillet 2015 pour la région d’Orléans. Pour juillet nous sommes actuellement à une moyenne de température maximum de 29,9°. En juin, les températures maxi étaient déjà supérieures de presque 3° à  celles relevées habituellement. Ajouté à cela un déficit en eau ; il n’a pas plu : 6 mm en 2 mois alors qu’habituellement il tombe en moyenne plus de 100 mm sur cette période.

Si je vous donne ces chiffres c’est simplement pour planter le décor.


Que faire face à tout cela ? 

les dégâts des températures excessives : les feuilles des jeunes
plantations ont grillé malgré nos arrosages
Dans les grands principes posés pour notre jardin : pas de désherbant chimique, pas de pesticides, il y a également : pas d’arrosage… ou plutôt peu d’arrosage. Je paille mes massifs, je récupère l’eau dans des cuves, tout cela fonctionne bien en temps normal…

Mais pouvons-nous encore parler comme ça ?

Cette épreuve, n’est sans doute pas la dernière. Il y a eu en 1976 la sécheresse, puis 27 ans après la canicule et aujourd’hui les deux combinées après seulement 12 années passées.

une crevasse d'un mètre soixante environ
est apparue dans un massif

Le dérèglement climatique alterne les épisodes violents et chaotiques. L’année dernière nous avions eu un été pluvieux et froid.

Comment s’adapter ?

Il y a le plus souvent deux manières de penser : se battre contre la nature, refuser qu’elle impose sa loi ou la laisser faire et risquer de tout perdre.
Entre ces deux voies opposées, nous avons choisi une solution médiane.

Tout d’abord à court terme nous avons fait des choix et sacrifié des plantes :


sous les bouleaux plus d'herbe...
En premier lieu, la pelouse, qui n’en est pas une ; c’est de l’herbe. On ne l’a jamais arrosée et ça repoussera. C’est très laid une surface grise et desséchée au point que l’on voie maintenant la terre, mais on supporte.

Sacrifié également depuis le début, le massif le long du mur coté route, j’avais choisi des plantes solides et sobres : phlomis, nepeta, fausses valérianes et roses trémières principalement. C’est un peu difficile pour elles en ce moment.

Ensuite ce fut le tour du potager car trop gourmand en eau. Malgré mes arrosages, les semis n’ont pas germé car il faisait trop chaud. J’ai donc tout arrêté. J’arrose encore les rangs de carottes qui restent et les 3 pieds de courgettes. Par contre, les deux lasagnes tiennent bon, les tomates affichent une bonne mine et les choux également. Je les arrose une fois par semaine maximum en période de très grande chaleur.

une partie de la haie plantée cet hiver
Pas d’arrosage pour les plantations bien installées, les arbres de la haie plantés depuis bientôt 6 ans n’ont pas reçu une goutte.

Et si ça continue je sacrifierai les hydrangeas macrophylla  et les hydrangeas serrata car trop inadaptés. Voilà quatre années que je m’obstine à en vouloir chez moi, car j’aime les hortensias opulents et généreux comme il y avait chez ma grand-mère ... en Vendée… Mais ici ils sont chétifs et je dois les arroser tous les deux jours.

De toute manière lorsque les températures frôlent les 50° au soleil, tout grille, arrosage forcené ou pas.  Et puisque nos cuves de récupération d’eau sont vides depuis bien longtemps, nous devons arroser avec l’eau du service d’eau, nous le faisons donc au compte-goutte.

Alors ça ressemble plus à du sauvetage qu’à du jardinage. C’est uniquement lorsque les plantes montrent des signes de fatigue que nous les arrosons. Nous avions planté plus de 200 arbres ou arbustes cet hiver qu’il a bien fallu aider à ne pas griller car ceux-ci n’ont pas, contrairement aux autres, eu le temps de développer leur système racinaire… Nous les arrosons à l’arrosoir pour bien quantifier la quantité d’eau que nous leur donnons et ça nous prend un temps infini. Toutes nos soirées y passent….

Je ne sais pas combien de temps durera cette situation, mais ma vision du jardin à long terme va être profondément modifiée : ça s’adapte ou ça crève, pas d’acharnement. Je plante, j’arrose pendant les deux premières années et après mes plantes devront se débrouiller seules.

Même si pour l’instant nous n’avons pas consommé plus qu’en remplissant une piscine hors sol, il y a un coût financier et surtout cela va à l’encontre de nos convictions.


Et puis pourrons-nous continuer à le faire ?


la lasagne sous le soleil à presque 45°C ça résiste... 
Il n’y a pas encore de restriction d’eau, mais nous ne sommes que mi-juillet. Alors l’idée de la mare, prévue, mais pas encore creusée, dans le point le plus bas du terrain qui nous servirait à collecter de l’eau l’hiver et dans laquelle nous pourrions prélever l’été, ou celle d’enterrer une cuve de 10 000 litres risque de repasser en tête des aménagements à réaliser.





A l’heure où j’écris ces lignes, elle arrive enfin.
Un gros orage déverse sur nous sa pluie battante. Je suis sortie remplir tout ce que j’avais en arrosoirs, en seaux et même une grosse poubelle vide… Histoire de récupérer quelques dizaines de litres de plus. Puis au bout d’une demi-heure tout s’arrête. Demain j’irai voir combien de millimètres il est tombé.













Peut-être un petit répit pour l’arrosage ?

Commentaires

  1. Bonjour
    Je découvre votre blog et le trouve magnifique!
    Vos photos sont superbes!
    Bonne journée

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    Réponses
    1. Bienvenue et merci ! Le photographe c'est mon mari, moi je m'occupe des plantes et des mots...
      Bonne journée

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  2. Comme je viens de déménager de la Normandie vers le Midi, c'est un gros problème qui se pose à moi. Comment s'adapter à ce climat ? Je vais devoir revoir toutes mes habitudes de plantation et choisir avec soin les végétaux. J'ai aussi l'idée d'une cuve enterrée car les récupérateurs d'eau de pluie hors-sol ne seront pas suffisants.
    As-tu testé aussi une installation d'arrosage goutte à goutte ?
    Bon dimanche.

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    Réponses
    1. bonjour Alix
      Quel changement et quel défi !!! Et tu laisses ton jardin normand?
      Pour les rosiers je pense aux obtentions de Nabonnand mais je suis sûre que tu y as déjà pensé...

      J'avais testé le goutte à goutte dans mon précédent jardin et en 2003 année de la canicule... J'ai eu une expérience douloureuse car il semblerait qu'il ait favorisé l'apparition du pourridié (armillaire couleur miel) en créant des poches d'humidité dans le sol. Mais mon terrain était différent : c'était du sable de forêt pauvre et filtrant. Nous avions donc ôté l'arrosage, arraché les plantes malades et changé la terre pour en venir à bout...
      Ici, je ne le mettrai en place que dans le potager.
      A bientôt

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  3. Il semblerait que les canicules ne soient à l'avenir plus aussi exceptionnelles qu'à l'heure actuelle. Quand on entend que d'ici à 2025-2050 Paris aurait les températures de Toulouse c'est tout un écosystème qui risque de se modifier. Les espèces végétales seront alors remplacées par d'autres + adaptées à ce type de climat. Il y a aussi la remontée des moustiques puisque il fait + chaud. Si les poissons rouges de la mare se régaleraient de larves de moustiques, sans poissons cela deviendrait un vrai nid pour ces insectes, puis il y a aussi le soleil qui à haute température évaporerait une partie de l'eau. Aussi l'idée d'une cuve enterrée est pas mal du tout ! Par chez nous ce dimanche aura été pluvieux mais pas de quoi remplir un grand bidon de récupération d'eau, néanmoins les températures sont + basses et le jardin apprécie la fraîcheur & l'humidité ambiante ! Bonne soirée :)

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    1. Hélas si le réchauffement climatique se traduisait par une simple augmentation des températures ce serait si simple : il suffirait de planter des oliviers, des cistes et des lauriers roses. J’ai bien peur qu’on ait de plus en plus à faire face à des évènements climatiques extrêmes et chaotiques : pluies torrentielles, froid, neige, canicule ou sécheresse. Il va falloir faire preuve de discernement dans le choix des espèces à planter au jardin et l’eau va devenir une ressource précieuse qu’il ne faudra plus gaspiller. Je suis d’accord que la cuve enterrée est plus intéressante à ce niveau pour la récupération de l’eau car une mare est bien trop petite, il faudrait plutôt un étang… et on a pas la place malgré nos 5000 m2…
      Et oui chez nous aussi il vient de pleuvoir... 3mm et c’est déjà terminé… mais la baisse des températures depuis quelques jours va nous permettre enfin d’espacer les arrosages…
      Bonne semaine

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  4. Comme toi, je n'arrose plus après 2 ans mais ça a du être dur pour toutes tes plantes plantées récemment.
    J'ai une cuve de 9000 litres enterrée et je me aussi retrouvée à sec. Là il a plu j'ai du la remplir un peu.
    Les lasagnes résistent bien, c'est bon à savoir.
    Pour le réchauffement climatique, on verra bien, qui vivra verra, d'autres parlent du soleil qui entre dans un cycle de repos et on pourrait se cailler lol.
    Bon courage

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    1. Bonjour
      Depuis combien de temps as-tu ta cuve? Est-ce la première année qu'elle se retrouve à sec?
      Bon courage également

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