Une pépinière de roses : immersion chez Francia Thauvin
Tout a commencé il y a trois ans environ.
J’étais allée assister à un cours de greffage de rosiers
organisé par l’association des Amis des Roses Orléanaises et dispensé par Francia
Thauvin et sa fille, Flora Vaillant.
Jusque-là j’avais acheté et planté près d’une centaine de
rosiers sans même me poser la question de savoir comment ils étaient produits.
Arrivée à la pépinière : à gauche la serre et les bureaux, sur la droite la maison de Francia qui vit au milieu de ses rosiers |
Les champs de rosiers à gauche du chemin qui mène aux serres. |
Mais en regardant leurs gestes habiles et fluides, j’ai eu
comme un choc.
Alors leur ai demandé si elles pouvaient m’ouvrir les portes
de leur pépinière pour que je suive leur travail.
Francia Thauvin fondatrice de la pépinière, aujourd'hui retraitée mais toujours très présente. C'est Flora, sa fille, qui désormais dirige l'entreprise familiale. |
A ma grande surprise, elles ont accepté. J’ai donc fait,
pendant plus d’un an, maints allers-retours, pris des centaines de clichés,
posé des tas de questions et vécu avec elles des moments rares et intenses.
Vue sur les serres de Francia et Flora avec au premier plan une très jolie serre ancienne. |
En préambule, je tiens à préciser que cet article traitera uniquement de la multiplication des rosiers par greffage, technique majoritairement utilisée par les pépiniéristes depuis le XIXème siècle pour produire des rosiers. Les autres types de multiplication étant le bouturage, le marcottage, le semis et le prélèvement de drageons.
La création de nouvelles variétés de roses, c’est-à-dire
l’obtention, travail de l’hybrideur n’y sera pas abordée.
Les nouveaux bureaux et l'entrée de la serre |
A l'intérieur de la serre, des centaines de rosiers, d'arbustes et de vivaces... Je vous mets au défi de repartir les mains vides... |
A la pépinière tout commence au mois de février par la réception des petits rosiers « rosa canina » qui vont servir de porte-greffe.
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un porte-greffe c’est
un végétal sur lequel on va venir implanter un greffon qui lui est le morceau prélevé
sur la plante que l’on cherche à multiplier. Ce porte-greffe est sélectionné
pour diverses qualités (force, résistance aux maladies par exemple) qu’il va
transmettre au greffon.
Le comité d'acceuil : "Lolo" le chien, les poules et le coq de race pékin et les oies |
Pour le rosier, les porte-greffes utilisés par les pépiniéristes français sont : « rosa multiflora » c’est un rosier sauvage d’Amérique qui permet d’obtenir rapidement de très beaux rosiers, mais ceux-ci développent en sol calcaire une chlorose ferrique (les feuilles jaunissent sauf la nervure qui reste verte et la plante meurt au bout de quelques années) et « rosa canina », c’est notre églantier, bien résistant à la chlorose mais produisant des rosiers plus petits au départ par rapport à ceux greffés sur multiflora et qui ont tendance à drageonner. De nombreuses variétés de rosa canina ont été utilisées en Europe et actuellement la plus fréquente est celle appelée «Rosa Laxa» mais dont le vrai nom serait plutôt « Rosa Canina Froebelli ».
A la pépinière, c’est un autre porte-greffe issu de rosa canina : « Rosa
Schmid’s ideal » qui est utilisé.
La caisse pleine de porte-greffes à éplucher. |
Première étape donc, avec l’arrivée de plusieurs milliers de
canina en provenance d’une pépinière spécialisée dans la production de porte-greffes.
Ceux-ci sont tout d’abord « épluchés ». Cette opération qui se
déroule tout au long du mois de février consiste à couper, à l’aide d’un
sécateur, les racines les plus proches des tiges afin de dégager un collet haut
pour avoir la place de greffer.
Porte-greffe non épluché, à gauche et après épluchage, à droite. |
Juste avant d’être plantés, les canina sont pralinés
c’est-à-dire que l’on plonge les racines dans un mélange d’eau et de boue. Dans
le jargon on appelle cela le « bousage » ce qui permet d’éviter le
dessèchement des racines.
Le tracteur et la planteuse |
La plantation a lieu au mois de mars dans une parcelle dont
le sol a été préalablement travaillé. Afin de ne pas épuiser la terre, Francia
et Flora pratiquent la rotation de culture sur quatre années. Ainsi après la
production de rosiers, le sol est laissé en jachère l’année suivante puis pendant
deux autres années une culture de céréale de type blé y est faite.
La planteuse vue de l'arrière |
Les porte-greffes sont plantés à l’aide du vieux tracteur « Massey Ferguson », héritage du père de Francia lui aussi pépiniériste et producteur de rosiers.
Ce tracteur est un peu spécial car son train-avant a été modifié pour qu’il ait le même écartement que les roues arrière afin de ne pas rouler sur les rangs.
Les roues avant et arrière du tracteur dans le même alignement et qui frôlent le rang déjà planté. |
La planteuse, datant de la même époque, est faite de deux roues portant de nombreuses pinces dans lesquelles les deux personnes assisses à l’arrière viennent disposer les porte-greffes tête en bas.
C'est parti ! Flora dispose les porte-greffes dans les pinces de la planteuse. |
Zoom sur les porte-greffes tête en bas |
En regardant de plus près on s'aperçoit qu'ils viennent d'être pralinés. |
Le tracteur est
conduit par la main experte de Christelle, l’employée, et va tout doucement. On
s’arrête régulièrement pour des réglages et ça repart. Flora et un saisonnier
assis sur la planteuse disposent les canina dans les pinces.
Des griffes écartent la terre, les disques viennent y déposer les plants, d’autre griffes referment le sol et voici les porte-greffes repiqués.
Des griffes écartent la terre, les disques viennent y déposer les plants, d’autre griffes referment le sol et voici les porte-greffes repiqués.
Le champ après plantation... si, si, plissez les yeux et cherchez les rangs de porte-greffes. |
On les laisse alors pousser tranquillement jusqu’au mois de
juillet. C’est à ce moment-là que Flora et Christelle vont greffer…
La suite dans un prochain article à paraître bientôt…
Oui je sais, c’est pénible, vous allez devoir attendre au moins une semaine…
Oui je sais, c’est pénible, vous allez devoir attendre au moins une semaine…
C'était passionnant, vivement la suite !
RépondreSupprimerAude.
Bonsoir Aude et merci. Ça me va droit au cœur.
SupprimerGénial! L'expérience que tu as vécu pendant un an! Très contente pour toi et en plus, tu partages avec nous. C'est cool. Gros bisous. Bene
RépondreSupprimerSalut Béné,
SupprimerOui j'ai eu ce privilège incroyable de les suivre comme ça pendant plus d'un an.
Elles m'ont fait totalement confiance.
Le moment de la plantation des porte-greffe a été une expérience très forte pour moi, pleine d'émotion. Voir le tracteur et la planteuse en train de fonctionner et être aux cotés de Flora est inoubliable.
Bises
Ton article est absolument génial ! Bravo !! J'attends la suite avec impatience :)
RépondreSupprimerMerci... La suite dans une semaine....
SupprimerTu nous gâtes sacrément avec un tel reportage. On va tout savoir sur ce travail de titan. Dis-donc, ils sont plantés très proches les uns des autres les porte-greffes. Vite, vite, la suite !
RépondreSupprimerBises Béné, à samedi alors 😉
Coucou Alix,
SupprimerOui... ce ne sont pas du tout les mêmes distances de plantation que celles de nos jardins.
Mais vu qu'ils ne vont rester que 18 mois à cet emplacement rien ne sert de les écarter trop car cela induit plus de désherbage,des pertes en arrosage et il manquerait plus qu'ils nous fasse une énorme racine pivotante...
A bientôt bises
Quelle expérience exaltante, cette année passée aux côté de Francia et de Flora ! Un article passionnant dont je me réjouis de lire la suite ! Merci pour ce partage !
RépondreSupprimerBonsoir Marie,
SupprimerEffectivement l'expérience était passionnante.
Bonne semaine
C'est super intéressant de découvrir le travail réalisé pour obtenir par la suite nos beaux rosiers. Je pense que tu as dû créer des liens spéciaux avec la famille Thauvin. Bon dimanche et à bientôt pour la suite !
RépondreSupprimerBonsoir Lulu,
SupprimerLa passion rapproche les êtres!
Bonne semaine à toi
Super ce reportage!! J ai au jardin des rosiers de chez Francia: je saurai exactement comment ils naissent! Vivement la suite.
RépondreSupprimerFrançoise N
Bonsoir Françoise,
SupprimerJe suis sûre qu'après vous regarderez vos rosiers différemment, en pensant à elles et à leur travail!
Quelle belle expérience que tu as vécue auprès de Francia et de Flora qui ont partagé leur savoir-faire. Hâte de lire la suite de ton reportage.
RépondreSupprimerBises.
Bonsoir Armelle,
SupprimerJe mesure ma chance... c'est un privilège rare.
Bises
Génial quelle bonne idée, ce reportage est vraiment une mine d'or. J'ai deja commandé chez Francia l'année dernière, ses rosiers sont de grande qualité! Impatiente de connaitre la suite!
RépondreSupprimerBonsoir Maryline,
SupprimerFrancia et Flora ont un savoir faire incroyable.
A bientôt donc pour la suite...
Merci c'est vraiment très intéressant, je ne savais pas du tout comment était planté ces porte greffe. J'ai hâte d'en savoir davantage. Bises
RépondreSupprimerBonsoir Patricia,
SupprimerEn fait on ne se pose jamais de question, moi la première, jusqu'à ce cours de greffage il y a 3 ans...
Cela m'a vraiment donné envie de connaitre leur travail.
Bises
Passionnant du début à la fin, enfin le milieu puisqu'il y a une suite ! Quelle fantastique épopée tu as du vivre avec cette famille !J'imagine bien ton émotion à vivre tout cela .Merci de nous le faire partager .Ton explication entre Canina et Laxa est très intéressante.Je pensais que ces porte greffe étaient de nature totalement différente .Or si je comprend bien Laxa est une variété de Canina .Récemment Jean Lin Lebrun me disait que Canina résistait mieux à la sécheresse que Laxa. Du coup , cela ne me semble pas si évident.Il devrait préciser quelle variété de Canina il utilise pour pouvoir comparer.Peut être expliqueras tu pourquoi Francia choisit cette variété 'Schmid's idéal" au lieu d'une autre . Vivement la suite. Bises et bonne fin de semaine
RépondreSupprimerBonsoir Maryse,
SupprimerSuper contente que tu me fasse la remarque sur rosa canina/ rosa laxa... Car moi aussi je croyais qu'il s'agissait de 2 portes greffes correspondant à deux rosiers botaniques totalement différents... D'autant plus que pour brouiller les pistes rosa laxa est bien un rosier botanique... mais ce n'est pas lui qui est utilisé comme porte-greffe, c'est une habitude des pépiniéristes de désigner r. canina froebelli ou r. corifolia froebelli ou encore r. dumetorium laxa sous le nom de r. laxa...
En fait il existe plein de variété différentes de porte-greffe canina, on peut aussi citer celui appelé pfanders...
Pour Francia, le porte-greffe "Schmid's ideal" est le plus résistant voilà pourquoi elle l'utilise.
Bises
Oh là là c'est super intéressant ! Je vais suivre moi aussi :-)
RépondreSupprimerBonne soirée
Bonsoir Estelle,
Supprimermerci! à bientôt alors...
Dis, j'ai une question : une fois les portes greffes plantés avec le tracteur, ils ne sont pas arrosés ?
SupprimerBonsoir Estelle, pas nécessairement.
SupprimerLe pralinage leur évite de dessécher.
Tout dépend de la météo, ils sont arrosés seulement s'il ne pleut pas dans la semaine qui suit leur plantation.
Super intéressant et ça donne envie d'assister à tout ce beau savoir faire! merci pour cet article :-)
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