Sécheresses au jardin, suite et fin... (3/3)


Dernier volet de ma "trilogie" d'observations et de réflexions concernant les variétés de plantes résistantes au gel, aux gélées tardives et également à la sécheresse.
Je me suis tout d'abord intéressée aux arbres https://jardindesmilletemps.blogspot.com/2020/01/secheresses-quel-bilan-12.html,
puis aux vivaces de soleil https://jardindesmilletemps.blogspot.com/2020/02/secheresses-quel-bilan-23.html.
Enfin, dans cet article je traiterai des vivaces d'ombre (et de mi-ombre) et également de mes déceptions.

ancolie "Nora Barlow"


Contre toute attente, thalictrum et ancolies résistent également très bien une fois installés. J’ai pourtant eu de nombreux loupés mais ceux qui sont restés sont des costauds. Pour les thalictrum, il s’agit de "black stockings" et thalictrum flavum glucum. L'ancolie "Nora Barlow" s'est ressemée abondamment. Elle est toujours présente malgré l'absence d'arrosage depuis presque une dizaine d'année. 

thalictrum "black stockings"

Contrairement aux autres eupatoires qui aiment le frais, l’eupatoire « chocolate » est tolérante à la sécheresse. Son feuillage foncé est très beau et sa floraison blanche toute en contraste, en font une plante originale. Au jardin, plantée au pied du lilas, elle n’a demandé que peu d’arrosage ces deux derniers étés.

eupatoire "chocolate"

A l’ombre sèche, hostas et fougères ont fait le dos rond et je n’en ai pas perdu du fait de l’absence de pluie. Plantés dans des lieux très à l’ombre ou sous des plantes qui les abritent du soleil, ils ont été ainsi protégés. Les fougères (polystichum bevis et cyrtomium fortunei) avaient tout de même été choisies pour leur tolérance à la sécheresse...

polystichum bevis


Je suis dingue d’epimedium. j’ai acheté tout un tas de cultivars que j’ai planté dans le bois et que j’ai perdu aux premières chaleurs… sauf « epimedium versicolor sulfureum », « e.Orange koningin » et e. « rubrum », les trois seuls vraiment résistants qui survivent sans aucun arrosage.

epimedium versicolor sulfureum

Les brunnera macrophylla sont entrés récemment dans le jardin. Je ne les connaissais pas. Depuis trois ans j’ai découvert leur jolie et longue floraison printanière et leur bonne résistance au sec. Leurs feuilles coriaces sont peu apétantes pour les limaces et sont également très décoratives. Par contre, ils ont tendance à se ressemer abondamment, il faut donc veiller à couper les tiges florales avant qu’elles ne montent en graines si on ne veut pas être envahi.

une des nombreuses variétés d'heuchère que j'ai au jardin, issue d'une bouture dont j'ignore le nom

Les heuchères, vivaces de courte durée, car il faut souvent les bouturer pour les regénérer, passent les étés sans trop de problème. Pourtant certaines sont plantées dans des massifs très secs, entre bouleaux et lilas.

hellébore orientalis

Depuis toujours les hellébores orientalis font parties de mes chouchous. Les fleurs, mêmes fanées sont belles et la floraison est longue. Passé les deux premiers étés ils supportent bien le sec et se ressèment d’autant plus. Je vais en tapisser mon sous-bois. Je les utilise en fond de massif également car leur feuillage foncé et coriace sert de toile de fond aux autres plantes. Ils supportent aussi le plein soleil.

un autre très beau provenant de la pépinière de Thierry et Sandrine Delabroye

La persicaire "Red Dragon" m’a vraiment épatée cet été, alors que toutes ses copines amplexicaulis piquaient du nez elle est restée opulente, se jouant de la sécheresse. Elle a déjà gelée plusieurs fois au printemps lors de gels tardifs mais est toujours repartie.

les jolies couleurs pourpres de "red dragon"

Les campanules pyramidales qui se trouvaient là lorsque nous sommes arrivés sont extrêmement résistantes au sec. Plutôt hautes, environ soixante à quatre vingt centimètres, elles fleurissent en juin en même temps que les rosiers et forment un épais tapis non loin d’un des bouleaux. Depuis deux ou trois ans, un peu plus loin, est apparue spontanément une forme blanche. Je la laisse grossir un peu avant de la diviser.


Les campanules poschaskyana sont aussi très résistantes. Elles sont généreuses et se ressèment avec bonheur un peu partout.

campanules poscharskyana

Il y a aussi des vivaces qui souffrent mais qui malgré tout repartent chaque printemps.

campanule octopus, la petite pieuvre

Parmi celles-ci, la campanule octopus, dont le sec modère un peu les ardeurs conquérantes. Tout comme elle, les ajuga souffrent lors de fortes chaleurs mais repartent vite dès qu’une pluie arrive. J’en ai plusieurs sortes mais c’est « purple torch » au nom trompeur puisque son feuillage est vert et qu’il fleurit rose, qui a ma préférence. Les ajuga sont précieux à la mi-ombre car ils comblent les vides sans être envahissants.

ajuga "purple torch"

Les aubriètes, couvres-sols printaniers sèchent un peu en été et ont parfois une mine pitoyable mais pour l’instant chaque printemps, ils gagnent un peu de terrain .
Elles m'étonnent également car je les croyaient adeptes des terres fraîches, les belles et délicates astrances. Si certains cultivars trop délicats ont disparut, les variétés "Madeleine" et "Roma" sont fidèles depuis sept ou huit ans déjà.

Les jolies astrances au mois de juin

Dans les vivaces voici mes déceptions :

En premier lieu, le géranium vivace « Rozanne ». Il est donné pour super résistants et en 2015 je trouvais qu’ils avait effectivement bien supporté la sécheresse. Mais depuis j’ai déchanté, j’en avais six pieds au jardin à divers endroits et ils ont tous périclité au fils des ans. Au printemps 2019 aucun n’est ressorti. Je dirais qu’il supportent une sécheresse passagère mais pas des sécheresses prolongées et répétées. D’autres végètent depuis trois ans, comme le géranium « Patricia », pourtant lui aussi était réputé bien résistant.

feu le geranium "Rozanne"

Les sanguisorbes ont également très mal passé ces deux derniers étés. Au printemps 2019, j’avais entrepris de les diviser… Et c’était franchement une très mauvaise idée, je les ai fragilisées car leurs racines sont très profondes et j’ai tout déterré, divisé et replanté. La prochaine fois, je prélèverai des éclats et éviterai de perturber la plante. J’espère qu’elles vont ressortir cette année, je guette, anxieusement…

sanguisorbe "pink tanna"

Les jolies veronicastrum que j’avais ramenées de Hollande il y a six ans ont rendu l’âme cet été.

Enfin les benoites (geum) dont j’avais commencé une petite collection n’ont pas apprécié les étés secs et chauds. Pourtant jusque là, les « Léonard » résistaient bien… Seuls résistent un peu mieux que leurs copines : « Cotton Candy », « Totally Tangerine » et « Lady Statheden ».

Les jolies benoites à la peine

J’ai aussi modifié ma façon de planter et banni les plantations de vivaces au printemps. Celles que j’achète en fête de plantes, sont destinées à mes bassines qui sont arrosées régulièrement. Sinon elles passent l’été dans la petite pépinière que j’ai aménagée, à l’abri du soleil, protégé par les hauts murs de la grange et juste à côté des cuves à eau. Je les installe à partir de mi-octobre seulement dans les massifs. Fin septembre, en région Centre, nous avons encore eu des coups de chaud qui m’ont dévastés de nouvelles plantations insuffisamment arrosées.

Et vous dans vos jardins, quels sont vos constats ?
Vos déceptions ?
Quelles sont vos nouvelles manières de faire pour les adapter au changement climatique ?



Commentaires

  1. Bonsoir ,
    J'aime ce genre d'article hyper enrichissant pour les débutantes comme moi !
    Ma campanule pyramidale a tenu deux années et le pied est sec maintenant . Je sais pas si elle a eu le temps de se resemer ....On dit quelles sont biannuelles ?
    Cette année , je vais tenter les Aubriètes et j'aimerai aussi voir pour des Astrances que je trouve magnifiques .
    Tout comme toi , je remarque que les plantes que j'installe en automne résistent bien mieux que celles du printemps !
    Merci pour ce partage et ces photos qui nous donne un peu de réconfort avec ces pluie qui n'en finissent plus :( ... mais bon la pluie est nécessaire alors patientons !
    Bonne soirée

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    Réponses
    1. Re-bonsoir Coco
      J'ai plein de commentaires en retard... Grrrr.... parfois je me noie dans un verre d'eau.
      Mes campanules pyramidales ont résisté à tout...
      Fais moi un retour sur tes futures plantations.
      Bonne soirée
      Bénédicte

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  2. Bonjour Bénédicte
    Un très grand merci pour ce nouvel article qui détaille avec rigueur les réussites et les déceptions dans ton jardin. J'avoue que je vais faire une liste de tous ces cultivars qui réussissent à supporter la sécheresse à l'ombre.
    Ici aussi (côte vendéenne, je rappelle), les hellébores se plaisent bien et constituent des incontournables de l'hiver avec plus de 3 mois de floraison. Les campanules des murets et la consoude à grande fleur sont envahissantes à l'ombre et ne sont jamais arrosées.
    Mon brunnera silver heart, à l'ombre du bouleau, a du mal à supporter la chaleur. les geum ont disparu, l'eupatoire aussi.
    Je vais également m'abstenir de planter au printemps et toute nouvelle plante restera à l'abri du soleil si craquage à une fête des plantes. Quand je peux, j'achète mes arbustes en godet plutôt que grand sujet ; je les garde en serre l'hiver et les repique en mars. La reprise est bien meilleure que pour des sujets plus grands.
    Voilà pour mon expérience
    Bises
    Suzie

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    Réponses
    1. Bonsoir Suzie,
      Je réponds avec presque deux mois de retard...
      Merci pour tes précieux retours...
      Nous n'avons pas du tout les mêmes terroirs, c'est intéressant. Je note que l'hellébore où qu'elle se trouve semble vraiment être très résistante.
      Bonne soirée
      Bénédicte

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  3. Intéressant ce bilan. Pas beaucoup d'ombre chez moi mais (sud Touraine) j'ai tout de même des espèce s en commun avec toi, notamment des thalictrums dont le 'Black stocking' qui redémarre. L'épimède versicolor sulphureum me parait increvable et pouvoir être mis "à toutes les sauces", il ne bronche pas, commence à fleurir. L'eupatoire donnée par Hélène contre mon avis semble avoir disparu de même que la rhubarbe. Hellébores, royales partout cette année, chez moi c'est la grande persicaire à feuilles de pêcher qui traverse le sec imperturbablement. Pour les ajuga, j'ai la version bleue à feuilles pourpres qui prend parfois une allure de salade pas fraiche mais récupère très vite. Les heuchères ont bien tenus sauf les jaunes ou dorées qui ont un peu voire beaucoup grillé. J'ai déménagé cet automne ma sanguisorbe 'Pink Tanna', elle sort un beau feuillage, la tenuifolia alba, moins exposée ressort et s'est semée. Je crois que le géranium 'Rozanne' est toujours vivant, par contre je crains d'avoir perdu mon 'summer skies'. La seule et unique benoite que j'ai à ce jour m'a été donnée par Maryse, je la chouchoute et elle affiche un joli feuillage. Par contre je ne vois pas revenir un éclat de Tolmia menziessi ni le bout de tellima grandiflora reçus fin mai. Celà me sert de leçon, je laisse les plantes forcir en pot si je les ai quand il commence à faire chaud. Groupées, c'est plus facile de les arroser que de courir aux 4 coins du jardin. Les pervenches ont bien tenu. Les fraises des bois flapies en fin de saison sont reparties comme si rien en s'était passé. Mes hostas sont toutes en pots, ça limite les boulottages. J'ai dû déplacer les alchémilles mollis qui se sentaient mal, elles réapparaissent. Voilà pour le peu de plantes qui vivent un peu à l'ombre chez moi. Bon dimanche. Bises

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    Réponses
    1. Bonsoir Florence,
      Merci pour ton retour.
      Hellébore n°1!
      Je me suis aménagée une sorte de petite pépinière à l'ombre de la grange où je laisse grossir toutes mes plantes, mes boutures etc... Effectivement lorsqu'il fait chaud, c'est plus facile de surveiller et d'arroser, surtout qu'elle est tout près des cuves de récupération d'eau.
      On va voir ce que nous réserve cet été... Sécheresse ou pas?
      Bonne soirée
      Bises
      Bénédicte

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